Les enquêtes terrain en face-à-face sont un domaine propice à l’innovation, bien loin du cliché de l’enquêteur simplement équipé d’un papier et d’un crayon. Le numérique offre des réponses aux enjeux spécifiques à ce type d’études : rendre possible ces enquêtes en distanciel, résoudre les problématiques liées à la barrière de la langue ou à un handicap, répondre aux enjeux de confidentialité et de sécurité. Quatre sujets sur lesquels l’innovation peut apporter une réponse concrète.
Gide est principalement (re)connu pour son expertise dans les études en ligne, notamment dans la programmation de questionnaires Web (CAWI). C’est effectivement une de nos spécialités… mais pas la seule !
En effet, nous accompagnons depuis des années les instituts d’études, chercheurs, organismes publics, ministères, marques, … dans la mise en place de terrains en face-à-face, qu’il s’agisse de grandes enquêtes ou d’études plus ciblées visant souvent des populations rares.
Nous nous présentons volontiers comme un “facilitateur de terrains d’enquête”, dans le sens où nous utilisons la technologie pour aider l’enquêteur à accomplir sa mission, dans les meilleures conditions possibles.
En effet, les enquêtes terrain en face-à-face posent des problématiques bien différentes des études en ligne auto-administrées. Dans l’imaginaire collectif, l’enquêteur face-à-face fait du porte à porte avec un carnet, un stylo, des formulaires à remplir. Pourtant, aujourd’hui, il utilise le plus souvent une tablette et, à l’heure du Covid, il doit réinventer sa pratique pour mener ses terrains à distance.
Voici quelques problématiques bien particulières, rencontrées sur les terrains d’enquêtes face-à-face, et les solutions qui peuvent être mises en œuvre pour y répondre :
- Pandémie et face-à-face : quand les enquêtes terrain ne peuvent plus avoir lieu
- Les enquêtes terrain auprès des populations allophones
- Problématiques d’accessibilité pour les personnes porteuses de handicap
- Confidentialité : le cas des données sensibles
1. Pandémie et face-à-face : quand les enquêtes terrain ne peuvent plus avoir lieu
Ce sujet est bien entendu d’actualité à l’heure où nous écrivons ces lignes et, pour le moment, il est encore très difficile de savoir quand les enquêteurs pourront à nouveau se déplacer sur le terrain. Pourtant, il est hors de question que les études s’arrêtent. Il est d’ailleurs nécessaire de mettre en place des études spécifiques à la situation (vécu du confinement, ressenti face à la vaccination, …).
Pour cela, nous avons proposé deux solutions à nos clients : l’EQD (“Electronic Questionnaire Device”) et CAVIsio.
Prêt de tablettes aux répondants : EQD (“Electronic Questionnaire Device”)
Pour certaines populations, répondre à un questionnaire en ligne est impossible, pour des raisons diverses. Les formulaires “papier”, eux, ont des limites que l’on connaît : ils sont intimidants et peu engageants pour le répondant, ils ne permettent pas le contrôle automatique de la cohérence des réponses et ils nécessitent une ressaisie des données chronophage.
Pour répondre à cet enjeu, il est possible de déposer une tablette au domicile du répondant, pour qu’il ou elle puisse répondre au questionnaire en autonomie, y compris hors connexion (les données étant synchronisées plus tard par l’enquêteur). La tablette sera ensuite restituée à l’organisme enquêteur. On peut aussi envisager un envoi et un retour par La Poste, avec un système de dépôt en boîte aux lettres avec une étiquette de retour fournie à l’avance.
Les tablettes sont configurées de façon à ce qu’elles ne puissent servir qu’à répondre au questionnaire : le questionnaire est lancé automatiquement à l’allumage de la tablette et tout autre usage est bloqué. Si la tablette est remise en mains propres par l’enquêteur, il peut passer du temps à expliquer au répondant comment utiliser la tablette ; mais le design du questionnaire est étudié pour qu’il soit le plus fluide et le plus facile à utiliser (taille des caractères, ergonomie optimisée, …). On peut également imaginer une réponse vocale pour les questions ouvertes, récupérée au format audio pour être éventuellement traitée en “speech-to-text” a posteriori.
Puisque la tablette n’est pas connectée à l’Internet, les réponses au questionnaire sont enregistrées “localement” dans son espace de stockage. Pour garantir leur confidentialité, par exemple en cas de perte / vol / “hacking” de la tablette, toutes les données sont cryptées : plus de détails au point 4 ci-dessous.
Une fois qu’il a récupéré la tablette, l’enquêteur l’allume et s’identifie avec un code “administrateur” qui lui permet de connecter la tablette à l’Internet, d’envoyer les réponses vers nos serveurs sécurisés et de préparer le prochain interview, notamment en effaçant les réponses du dernier répondant. Et en n’oubliant pas de désinfecter la tablette !
Notre solution EQD est compatible avec une large gamme de tablettes, et nous disposons également d’un stock de tablettes prêtes à l’emploi que nous pouvons mettre à disposition dans le cadre d’une étude.
CAVIsio : la visio au secours des enquêtes face-à-face
La deuxième solution que nous proposons utilise la visioconférence pour reproduire en distanciel et le plus fidèlement possible les conditions du face-à-face. Elle répond à des problématiques concrètes rencontrées par les enquêteurs. Cette solution, nous l’avons appelée CAVIsio (contraction de “CAVI” – Computer Assisted Video Interviewing – et “visio”).
D’où est venue l’idée de développer CAVIsio ?
Pendant le premier confinement, les enquêteurs face-à-face ont souvent dû réaliser leurs interviews au téléphone, tout en déroulant un questionnaire sur leur tablette ou leur PC, sans pouvoir montrer quoi que ce soit à l’enquêté, et sans contact visuel.
L’utilisation des solutions de visioconférence du marché a été également testée. Mais elle se heurte souvent à des problèmes techniques difficiles à résoudre pour les enquêtés : obligation d’installer un logiciel, configuration complexe. De plus, l’expérience n’est pas fluide pour l’enquêteur qui doit jongler entre plusieurs fenêtres sur son écran : une pour la visio, une autre pour dérouler le questionnaire.
Nous avons donc conçu CAVIsio, une solution qui s’utilise sur ordinateur / tablette / smartphone, à travers un simple navigateur Web : elle réunit dans une seule et même fenêtre la vidéo de l’enquêteur, celle du répondant et le questionnaire. Ne nécessitant aucune installation ou configuration particulière, CAVIsio est donc particulièrement simple à utiliser, notamment pour le répondant.
Parfaitement sécurisé et facile à déployer, CAVIsio est aussi personnalisable et évolutif : nous pouvons l’enrichir avec de nouvelles fonctionnalités ou l’adapter aux contraintes spécifiques d’un client ou d’un dispositif d’enquête.
>> Pour en savoir plus, lisez notre article qui présente CAVIsio.
2. Les enquêtes terrain auprès des populations allophones
Dans le domaine des enquêtes en face-à-face, une problématique rencontrée de façon régulière est la barrière de la langue, lorsqu’une étude s’intéresse à un public non francophone. C’est le cas de l’étude sur laquelle nous avons travaillé pour l’IRDES, sur le thème de l’accès aux soins des migrants sans titre de séjour sur le territoire français.
Pour que les enquêteurs puissent collecter des données au plus près du terrain, dans les centres d’accueil, les associations, les permanences, Gide a mis à disposition des tablettes fonctionnant même sans accès Internet, sur le principe de l’EQD présenté précédemment. Le questionnaire était disponible en 14 langues (dans des alphabets divers : Arabe, Tamoul, Bengali, Dari, …) affichées directement sur la tablette. L’enquêteur n’avait donc plus besoin d’avoir recours aux classiques (et peu pratiques !) traductions “papier” du questionnaire, et les personnes interrogées pouvaient ainsi répondre au questionnaire en autonomie.
>> Lire l’étude de cas complète : IRDES : un questionnaire multilingue pour un public de migrants
À noter que, dans le cas où les personnes interrogées ont des difficultés de lecture, il est également possible de mettre en place un système de lecture audio (doublage sonore) des questions.
3. Problématiques d’accessibilité pour les personnes porteuses de handicap
Chez Gide, nous sommes familiers du référentiel RGAA, édité par la direction interministérielle du numérique (DINUM), qui liste un certain nombre de critères à respecter pour qu’un service numérique soit accessible à tous les citoyens, quel que soit leur handicap. C’est bien entendu un enjeu majeur dans la conception de questionnaires Web auto-administrés (CAWI), mais c’est aussi important dans le cas des enquêtes terrain (questionnaires CAPI).
Par exemple, il peut être nécessaire de proposer un doublage vidéo des questions en langue des signes française (LSF) à destination des personnes sourdes et malentendantes. En effet, la lecture de la langue française est parfois problématique pour les personnes souffrant de handicap auditif, la LSF étant en quelque sorte leur “langue maternelle”.
Dans certains cas, à l’inverse, il est nécessaire que le questionnaire puisse être déroulé par un lecteur d’écran, pour les personnes souffrant de handicap visuel : le lecteur d’écran va retranscrire sur un afficheur braille ou par synthèse vocale les questions et les modalités de réponses. Cela peut être nécessaire quand, pour des raisons de confidentialité, par exemple, la personne doit répondre au questionnaire en autonomie, sans la présence de l’enquêteur.
Et pour aller plus loin dans l’accessibilité des questionnaires CAPI (mais aussi CAWI !), nous avons décidé d’implémenter dans Scroll (notre framework de production d’enquêtes) le Système de Design de l’État (ou “DSFR”) : un ensemble de bonnes pratiques et de composants visant à améliorer l’accessibilité des sites Web (les questionnaires, dans notre cas) et l’expérience de leurs utilisateurs (les enquêteurs ou les répondants).
À lire aussi : Handicap, illettrisme : 4 exemples de questionnaires accessibles et inclusifs
4. Confidentialité : le cas des données sensibles
Certaines études nécessitent la mise en place d’un protocole de confidentialité renforcé.
Idéalement, l’enquêteur, ou toute autre personne du foyer, doit sortir de la pièce pour laisser la personne répondre en autonomie aux questions posées sur un ordinateur ou une tablette. Les réponses doivent être totalement anonymisées, et l’enquêteur ne doit pas pouvoir relier une réponse au répondant.
C’est un cas que nous avons récemment rencontré dans le cadre d’une grande enquête sur l’exposition aux violences sexistes ou sexuelles.
Dans ce cas de figure, il n’était pas possible de faire sortir l’enquêteur de la pièce. Nous avons donc mis en place une solution originale : les répondants étaient équipés d’un casque dans lequel les questions étaient dictées. Sur le questionnaire, les réponses n’étaient pas inscrites en clair, mais identifiées par un code couleur.
Ainsi, les répondants pouvaient répondre aux questions posées en toute franchise, sans que personne ne puisse lire ni la question posée (elle n’était pas affichée mais uniquement dictée par audio), ni la réponse choisie (les choix possibles étaient matérialisés par des zones tactiles colorées).
C’est absolument nécessaire pour que l’étude soit la plus précise possible, lorsque les questions touchent à des situations très intimes, voire à des tabous.
Bien entendu, la question de la confidentialité touche aussi à la sécurité des données. Les données doivent être anonymes et cryptées. En effet, en cas de perte ou de vol de la tablette, il n’est pas envisageable que les données puissent être récupérées “en clair”.
Pour cela, nous appliquons une double sécurité :
- l’espace de stockage de la tablette est crypté et protégé par un mot de passe en utilisant les fonctionnalités de sécurité “natives” de la tablette ;
- les données collectées sont encryptées grâce à un algorithme renforcé implémenté dans notre questionnaire CAPI, pour que les réponses ne puissent pas être “hackées” pendant que la tablette est allumée (donc après saisie du mot de passe).
Pour conclure…
Ce ne sont que quelques exemples dans lesquels la technologie intervient pour aider l’enquêteur à remplir sa mission. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’une approche sur mesure et une compréhension fine des besoins et des contraintes de l’enquête permettent de mettre en œuvre des solutions efficaces et réellement impactantes. C’est tout le sens de l’innovation pour nous, chez Gide : faire appel à la technologie pour résoudre simplement des problèmes complexes !