L’accessibilité, c’est la capacité à rendre un contenu ou un outil accessible au plus grand nombre, quelles que soient ses capacités motrices, visuelles, auditives, cognitives, sa maîtrise de la langue et de la lecture, son équipement. C’est donc un challenge de taille, et un enjeu important, notamment dans le domaine de la statistique publique.
Dans cet article, on vous présente 4 cas concrets de questionnaires accessibles, ainsi que des bonnes pratiques pour mettre l’accessibilité au cœur de vos questionnaires.
Sommaire :
- Rappel : l’accessibilité, qu’est-ce que c’est ?
- Insee : Un questionnaire en face à face avec lecture et capture audio
- Kantar : un questionnaire CAWI pour les personnes malvoyantes
- Doubler les questions en langue des signes françaises pour les personnes malentendantes
- Un questionnaire pour un public de jeunes enfants
- Comment intégrer les problématiques d’accessibilité dans vos questionnaires ?
Rappel : l’accessibilité, qu’est-ce que c’est ?
L’accessibilité, lorsque l’on parle d’un outil numérique, c’est la capacité à le rendre utilisable par tous les individus, quels que soient leur langue, les outils qu’ils utilisent, leur localisation, leurs aptitudes physiques et mentales.
En France, il existe une norme publique pour mesurer l’accessibilité : le RGAA (Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité) créé en 2019. Ce référentiel présente 106 critères qu’un site web ou un service numérique doit respecter pour être conforme. Ils peuvent être consultés sur le site accessibilite.numerique.gouv.fr. Il reprend les critères de la norme internationale WCAG.
Mais l’accessibilité est avant tout une approche inclusive, qui s’intègre dans la démarche RSE globale des organisations. Et c’est aussi le cas dans le domaine des études.
En effet, un questionnaire Web, qu’il soit auto-administré (CAWI) ou bien présenté par un enquêteur via une tablette, se doit d’être accessible. C’est particulièrement vrai dans le domaine de la statistique publique :
- soit lorsqu’une enquête vise en particulier une population atteinte de handicap ou ayant des difficultés de lecture ;
- soit parce que l’on souhaite des résultats les plus représentatifs possible, ce qui implique de rendre le questionnaire accessible au plus grand nombre.
Chez GIDE, nous travaillons régulièrement sur des problématiques d’accessibilité. Dans cet article, nous n’entrons pas dans les détails techniques de ce qui fait un questionnaire accessible ; nous avons plutôt voulu partager, à travers 4 exemples concrets, des bonnes pratiques et des sources d’inspiration, pour aider les Chargés d’Études à prendre en compte l’accessibilité dans la conception des enquêtes.
Si vous souhaitez connaître précisément les moyens techniques pour rendre un questionnaire accessible, on vous conseille de lire cet article en complément : Accessibilité Web : Comment réaliser des enquêtes et questionnaires accessibles ?
Insee : Un questionnaire en face à face avec lecture et capture audio
L’Insee a eu besoin de créer un questionnaire administré auprès d’une population de personnes sans domicile fixe. Le questionnaire étant présenté sur une tablette par des enquêteurs qui se déplaçaient lors de maraudes pour aller à la rencontre des personnes SDF, il fallait pouvoir poser les questions et recueillir les réponses, avec plusieurs difficultés :
- Parmi les répondants, il y avait une diversité importante de nationalités et nombre d’entre eux ne parlaient et ne comprenaient pas le français ;
- Certains répondants étaient dans l’incapacité de lire, ni en français, ni dans leur langue natale ;
- Il était impossible de faire appel à des traducteurs ou à des enquêteurs bilingues, étant donné la multitude de langues à couvrir.
Nous avons donc mis en place plusieurs solutions :
- Tout d’abord, le questionnaire a été adapté en de nombreuses langues, y compris dans un sens de lecture inverse du nôtre (Arabe, Dari, Pachto, …), ce qui nécessite une adaptation qui va au-delà d’une simple traduction des textes.
- Une version audio des questions a été enregistrée dans chaque langue pour les personnes qui ne lisaient pas ;
- En parallèle, nous avons mis en place un système de capture audio des réponses aux questions ouvertes, directement via la tablette.
Kantar : un questionnaire CAWI pour les personnes malvoyantes
Nous avons été sollicité par Kantar pour une étude au sujet de l’accessibilité de certaines opérations du quotidien pour les déficients visuels.
Le questionnaire était auto-administré : il fallait donc le rendre accessible, notamment pour les personnes qui utilisent un dispositif de lecture spécifique.
Il existe en effet des appareils pour aider les personnes malvoyantes à lire et naviguer sur le Web : lecteurs d’écran, navigateurs spécialisés, logiciels de zoom, etc. Mais ces outils ne sont pas efficaces si un site n’a pas été développé en respectant un certain nombre de normes.
Nous avons donc appliqué à la lettre le RGAA pour concevoir ce questionnaire.
Pour valider l’efficacité de notre travail, nous nous sommes rapprochés du Certam, le Centre d’Évaluation et de Recherche sur les Technologies pour les Aveugles et les Malvoyants, créé par l’association Valentin Haüy en 2008, afin de faire tester le questionnaire.
Doubler les questions en langue des signes françaises pour les personnes malentendantes
Sur plusieurs projets, nous avons été amenés à proposer un doublage des questions en LSF sur un questionnaire CAWI.
Pourquoi ? On pourrait penser que ce doublage est inutile : être malentendant n’empêche pas de lire.
Et pourtant : de nombreux enfants sourds présentent des difficultés d’apprentissage de la lecture qui, malheureusement, peuvent persister à l’âge adulte. Certaines personnes malentendantes rencontrent également des problèmes de compréhension : il est donc recommandé d’utiliser des phrases brèves et des mots simples.
Un questionnaire pour un public de jeunes enfants
Comme on l’a déjà vu dans le premier exemple de cet article (questionnaire à destination de personnes SDF allophones), l’accessibilité ne se résume pas à la prise en compte des différentes formes de handicap. La démarche est plus large puisqu’elle vise à s’adresser au plus grand nombre… ce qui peut aussi inclure les enfants.
Dans le cadre d’une enquête publique, nous avons ainsi conçu un questionnaire auto-administré pour un public de jeunes enfants d’école élémentaire.
Des tablettes étaient distribuées à chaque enfant d’une classe pour qu’ils puissent répondre en autonomie au questionnaire. Les tablettes étaient configurées pour que l’enfant ne puisse rien faire d’autre que répondre au questionnaire. Nous avons utilisé pour cela notre technologie EQD (Electronic Questionnaire Device).
Les enfants étaient en âge de savoir lire, mais pouvaient connaître des difficultés de lecture. De plus, il était capital de garder leur attention jusqu’au bout pour qu’ils répondent à l’intégralité des questions.
La réponse à ce challenge a donc été de créer un questionnaire “gamifié”, le plus ludique possible, illustré par des mises en situations.
Chaque question écrite était accompagnée d’un visuel, doublée en audio (les enfants étaient équipés de casques) et les réponses étaient très simples : OUI ou NON, échelle de valeur simple.
Comment intégrer les problématiques d’accessibilité dans vos questionnaires ?
Si vous êtes amené à concevoir des enquêtes et rédiger des questionnaires, il est fondamental de réfléchir en amont et de ne pas compter uniquement sur la technique pour répondre aux enjeux d’accessibilité.
D’une manière générale, un questionnaire accessible doit être le plus clair, logique et compréhensible possible.
Les mots doivent être simples, les textes courts : cela permet de s’adresser au plus grand nombre, y compris ayant des difficultés de lecture ou de compréhension.
L’aspect visuel ne doit pas impacter la compréhension de la question (par exemple, pour que les questions soient compréhensibles via un lecteur d’écran ou en doublage audio). Les questions présentées sous forme de grille sont donc à exclure : il vaut mieux présenter une question par sujet.
Enfin, il vaut mieux éviter les manipulations complexes à la souris, comme le classement d’une liste en glissé-déposé, car elles sont difficiles voire impossibles à réaliser par de nombreuses personnes, qu’elles soient en difficulté visuelle, motrice, ou en situation d’illectronisme.
Vous avez besoin de créer un questionnaire accessible ? Contactez-nous pour discuter de votre projet !
